Cingria Charles-André – La grande Ourse

Cingria Charles-André – La grande Ourse : «Je veux n’avoir plus qu’une cravate blanche et un melon, et marcher à petites journées sans me préoccuper de rien. Je suis un monsieur. Je veux er aussi inaperçu que possible. Je ne veux surtout pas qu’on dise de moi que j’ai de l’entrain, ni qu’on me compare avec ceux qui ont ou qui n’ont pas de l’entrain (j’emmerde l’entrain). Plutôt ceci: être parfaitement convenable; dire pardon quand on entre dans le tram; être grave; ne jamais rire que dans de très rares occasions; ne jamais articuler que des choses pleines; ne rien dire d’inexact; être moral et très ferme. Se taire? Non, car si cela est systématique, c’est, dans la compagnie de gens sans contrainte, une très grosse impertinence. Au contraire, parler, mais avec mesure et un certain détachement si l’on a affaire à des contradicteurs ou à des dames.»
C’est déjà tout Cingria (1883-1954) que l’on découvre dans ce facétieux autoportrait : son dandysme, sa verve, son style oral, ses phrases laconiques, pleines d’imprévus et de raccourcis, son excentricité, sa volonté de er inaperçu et surtout son désir de « marcher à petites journées sans [s]e préoccuper de rien. »
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